Cette journée de sensibilisation a été organisée en partenariat avec la préfecture de la Somme et l'Agence Régionale de Santé (ARS) des Hauts-de-France. Il s'agissait d'apporter au personnel du secteur médical public un éclairage sur la radicalisation et sa prévention. En effet, au contact de leurs patients, ces professionnels peuvent parfois être confrontés au phénomène de radicalisation. Cette formation visait donc à leur apporter les clés de lecture et bonnes pratiques pour faire face à ce phénomène, sans déroger aux principes de déontologie médicale et de laïcité propres aux établissements publics de santé. 28 personnes ont participé à cette journée, médecins, infirmiers, ou encore psychiatres en établissement public de santé mentale (EPSM).
Comprendre le processus de radicalisation et les procédures de signalement
La matinée était dédiée à la définition et la compréhension de la radicalisation et des radicalités. Thierry Toutin, commandant-divisionnaire honoraire au sein de l'UCLAT a d'abord rappelé que la radicalisation ne constitue par une infraction en tant que telle, mais qu'elle peut mener à la violence voire au terrorisme, auquel cas elle est constitutive de crime. Il a ensuite présenté les différents types de radicalités qui peuvent exister ainsi que les comportements qui peuvent constituer des faisceaux d'indices de basculement dans la radicalisation. Enfin, il a développé les procédures de signalement : le numéro vert du Centre National d'Assistance et de Prévention de la Radicalisation (0 800 005 696), le contact aux préfectures ou encore le recours aux référents radicalisation de l'ARS. Il a également explicité les différentes prises en charge des individus radicalisés, du suivi sécuritaire avec le Groupe d'Evaluation Départemental (GED), au suivi psycho-social avec la Cellule de Prévention de la Radicalisation et d'Accompagnement des Familles (CPRAF).
Les liens entre radicalisation et psychiatrie
Durant l'après-midi, c'est le Professeur émérite en psychiatrie infanto-juvénile Michel Botbol qui a pris la parole. Il a développé les liens entre psychiatrie et radicalisation, séquence particulièrement intéressante pour les professionnels médicaux présents. Le Professeur Botbol a expliqué qu'on ne peut pas parler de "folie" au sens psychiatrique du terme pour les individus radicalisés, sauf dans de rares cas. De façon générale, il n'y a pas de trouble mental avéré chez les individus radicalisés, mais plutôt des troubles "classiques" de l'adaptation. En d'autres termes, la psychopathologie de ces individus n'est pas spécifique, mais il y a bien une expression spécifique d'une problématique psychique commune dans la société : il y a donc un enjeu de taille à suivre les parcours personnels, familiaux et institutionnels chez les individus radicalisés parce que ces éléments peuvent être centraux dans les troubles de l'adaptation.
La journée s'est ensuite terminée par une table-ronde qui a permis aux deux intervenants de répondre aux questions de l'audience et aux référents radicalisation de la préfecture et de l'ARS de prendre la parole. Ces derniers ont présenté les procédures de suivi des individus signalés ainsi que les situations qui sont le plus souvent rencontrées par leurs services.
Vous pouvez retrouver ci-dessous le programme de la journée ainsi qu'une sélection de ressources utiles sur les thématiques développées au cours de cette sensibilisation.