Publié sur le site Centre de Ressources pour la Prévention des Radicalités Sociales (CRPRS) (https://prev-radicalites.org)
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Le CRPRS est intervenu auprès des professionnels de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et de l'Education Nationale pour les outiller sur la prévention des processus de radicalisation en ligne.
La compréhension des processus de radicalisation en ligne est un enjeu crucial pour de nombreux professionnels. Régulièrement sollicité sur cette question, le CRPRS est récemment intervenu auprès des agents de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) de l'Oise et d'agents de l'Education Nationale et de centres sociaux de l'Aisne, pour les outiller sur cette question.
Intervention à la PJJ de l'Oise
Les professionnels de la jeunesse en première ligne
Les professionnels travaillant avec les jeunes sont en première ligne sur cette question et il est essentiel qu'ils disposent des clefs de compréhension de ce phénomène et des moyens qu'ils peuvent utiliser pour le prévenir. Le CRPRS est donc intervenu fin-septembre auprès des professionnels de la PJJ de l'Oise. Comme tous les adolescents, les jeunes que ces agents accompagnent, naviguent beaucoup sur les réseaux sociaux. Ces derniers peuvent donc être des portes d'entrée vers des formes d'embrigadement et de radicalisation.
Les logiques de "bulle algorithmique" et le besoin de construction identitaire dans lequel se retrouvent les jeunes à l'adolescence, peuvent les amener à visionner beaucoup de vidéos à contenu extrémiste. Les réseaux sociaux et les plateformes en ligne peuvent donc être des espaces de diffusion de propagande. Certaines mouvances qui veulent diffuser leurs idées n'hésitent d'ailleurs pas à s'adapter aux goûts, références culturelles et codes propres à l'adolescence pour s'assurer qu'une large audience visionnera les contenus diffusés. C'est ce qu'explique par exemple Laurence BINDNER au sujet de la propagande salafo-jihadiste[1].
Si les réseaux sociaux peuvent être un canal de radicalisation, c'est aussi parce qu'ils proposent des moyens de socialisation et de construction de communautés. A un âge où les relations aux autres sont primordiales et où les besoins de validation sociale sont forts, certaines communautés offrent à des jeunes le moyen de se "sentir appartenir" à un groupe. A travers des échanges quotidiens, des conseils, mais aussi l'apprentissage d'un même vocabulaire ou de mêmes références ; des jeunes peuvent se sentir "reconnus" au sein d'un groupe. C'est ce qu'explique Laurène RENAUT à propos de la sphère jihadiste sur les réseaux sociaux[2], mais cela est tout aussi vrai pour la radicalisation politique dans des groupuscules d'ultra-droite ou d'ultra-gauche ; d'autant que ces processus de radicalisation se construisent "en miroir"[3].
Intervention auprès du Réseau Canopé de l'Aisne
Des outils de prévention et de régulation
Pour prévenir ces processus de radicalisation en ligne, des outils existent. Les agents de l'Education Nationale sont eux aussi concernés par cette question, c'est la raison pour laquelle le CRPRS est intervenu dans l'Aisne à la demande du Réseau Canopé lors d'une "Rencontre p(art)agée"[4] sur la question des risques des réseaux sociaux. Lors de cette journée qui a eu lieu début octobre, des enseignants, des CPE, mais aussi des éducateurs sociaux et des promeneurs du net sont venus échanger sur cette question. Ces professionnels s'interrogeaient particulièrement sur la radicalisation en ligne de jeunes hommes via les mouvances masculinistes et "incel" (involuntary celibate - les "célibataires involontaires"). Là encore, des contenus vidéos très présents sur les réseaux sociaux peuvent amener de jeunes hommes à adhérer à ces mouvances en ligne, comme l'explique par exemple Pauline FERRARI[5].
Face à ces risques, des moyens de régulation ont été mis en place. En avril 2021, le Parlement Européen a adopté une série de mesures pour lutter contre la diffusion de contenus de propagande terroriste en ligne[6]. Au-delà de la régulation à l'échelle nationale ou européenne, la régulation peut exister dans chaque structure ou chaque foyer. De nombreux conseils sur la façon d'encadrer l'usage d'internet et des réseaux sociaux chez les jeunes sont à retrouver sur le site d'Internet Sans Crainte[7].
Enfin, pour prévenir ces processus, l'éducation aux médias et à l'information (EMI) et le développement de l'esprit critique sont essentiels. Pour les professionnels de l'action socio-éducative, le parcours "Veilleurs de l'Info"[8] de la Ligue de l'Enseignement est par exemple très complet. Si l'on veut aborder plutôt l'axe de l'adhésion au complotisme et de la déconstruction des théories du complot, l'association belge Média Animation propose elle aussi un parcours très riche[9]. Enfin, si de jeunes adolescents peuvent se laisser convaincre par des discours extrémistes en ligne, c'est aussi parce que l'offre de discours les attire. Etre capable de produire des contre-discours pour leur proposer une offre alternative fait donc partie de la réponse préventive. A ce sujet, le SG-CIPDR a publié un guide très complet de bonnes pratiques en matière de production de contre-discours[10], et ce en ligne et hors ligne.
Lundi 20 octobre 2025 - 14:45
URL de la source (modifié le 20/10/2025 - 15:59): https://prev-radicalites.org/nos-actions-0/prevention-de-la-radicalisation/radicalisation-et-reseaux-sociaux-prevenir-la